Nicole Depagniat
Artiste plasticienne et art-thérapeute
Je suis née le 21 février 1970.
De nationalité franco-allemande, je vis à Limoges.
J’aime ma ville et ma région. Je me sens profondément ancrée dans cette terre du Limousin.
Mon second port d’attache est Berlin, ma ville de cœur, où j’ai passé beaucoup de temps étant enfant et adolescente et où je me rends encore régulièrement pour me ressourcer. Son histoire et son âme m’ont marquée pour toujours d’une empreinte indélébile.
Mes jeunes années ont donc été rythmées par les aller-retours entre Limoges et Berlin. Double ancrage, double identité, double culture… pour le moins.
Elles furent aussi nourries de beaucoup de musique classique et de peinture, mes parents étant mélomanes et ma grand-mère allemande passionnée d’art. Je fus, très jeune, familiarisée avec l’univers des peintres classiques et modernes dans les musées de la grande ville. J’eus aussi la chance d’écouter des concerts fameux à la Philharmonie, où je vis défiler les chefs d’orchestre et solistes les plus marquants du moment. Ces découvertes furent déterminantes dans mon développement.
A quatre ans, une magnifique rencontre avec le piano. Celui-ci s’imposa à moi naturellement et je l’étudiai pendant une vingtaine d’années. Mais malgré ma passion pour la musique, qui jusqu’à ce jour demeure intacte, le travail académique avec l’instrument s’avéra progressivement pesant et conflictuel. A vingt cinq ans j’y mis fin.
J’ai toujours eu un rapport particulier avec la matière et les couleurs. Toucher et travailler l’écorce, le métal, les textiles, les pâtes, me sont aussi nécessaires que respirer et manger. Je fais corps avec ces matières. J’ai toujours eu l’impression qu’elles étaient un prolongement de moi. Mon approche autodidacte de la peinture, l’exploration des couleurs et leurs mélanges, restera, jusqu’à une période récente, mon jardin secret, traversé de longues périodes de silence.
C’est avant tout dans cet esprit de ressenti et d’expérimentation que je revendique aujourd’hui mon travail d’artiste.
Ma vie a aussi connu des années plus conventionnelles: après le bac, ne me sentant pas capable d’entamer une carrière artistique, j’optais pour la «sécurité» et entrepris des études de droit. J’obtins deux maîtrises, l’une en droit privé (Faculté de droit de Limoges), l’autre en droit communautaire (Paris I Panthéon-Sorbonne). Puis, j’intégrai un troisième cycle de «DESS de gestion et administration des métiers de la musique » à Paris I Sorbonne.
Cela me permit d’entrer en 1995 pour un an au Musée d’Orsay, où je fus l’assistante du directeur de «Musique à Orsay» et où j’appris à mieux connaître la musique et la peinture romantiques et impressionnistes françaises…comme un retour aux sources du côté français du miroir de l’art.
A partir de 1996 je m’installai de nouveau en Limousin, engagée par le violoncelliste Christophe Coin que les limousins connaissent bien, pour être la chargée de production de l’Ensemble Baroque de Limoges à la Fondation la Borie, ensemble des plus renommés dans le jeu sur instruments d’époque dans les répertoires des XVIIe , XVIIIe et XIXe siècles. Je le fus quatorze ans: années intenses et passionnantes de rencontres, de voyages, de découvertes, d’échanges et surtout, l’apprentissage de l’accompagnement, c’est à dire, au delà de l’action, celui d’un savoir-être de présence, de disponibilité, d’observation et d’écoute qui permette aux autres d’être dans un état de confiance tel, qu’il leur permette d’avancer sur eux-mêmes.
L’art-thérapie
Puis, un accident de parcours en 2009.
Une longue pause s’imposa, qui marqua un tournant radical: nécessité de prendre du recul, de réfléchir, de faire sur moi un travail de fond.
Ce furent la rencontre et la révélation de l’art-thérapie et le retour lumineux de la peinture. L’art-thérapie fut non seulement fortement opérante pour moi mais elle m’ouvrit les yeux sur une autre voie possible dans mon développement professionnel, qui permettrait de donner du sens à tout ce que j’avais vécu jusque là, et ainsi de faire mienne une destinée tournée vers les autres, dont l’accomplissement reposerait sur des bases réellement éprouvées et profondément ancrées.
Ainsi, je quittai définitivement mon travail à la Fondation la Borie fin 2010, et dès février 2011, j’intégrai l’INECAT (Institut National d’Expression de Création d’Art et Thérapie) à Paris, formation qui revendique l’aspect fondamentalement artistique de l’art-thérapie. Elle est dirigée par Jean-Pierre Klein, pionnier en la matière en France et en Espagne, auteur de plusieurs ouvrages (voir bibliographie), psychiatre honoraire des Hôpitaux, docteur habilité à diriger des recherches en psychologie et auteur dramatique.
C’est une école où l’on apprend à désapprendre. «Nous entrons dans la maison du doute», dit Camus. On doit petit à petit se défaire de ses certitudes pour s’ouvrir à toute éventualité, ce qui permet de s’ouvrir à l’autre dans sa singularité, sa complexité, sans préjugé, sans solution «toute faite», dans l’Écoute et la Présence, ce qui permettra un accompagnement au plus près, au plus juste.
Enfin, j’ai aussi choisi de rendre publique ma création, car le métier d’art-thérapeute se nourrit du travail d’artiste, des échanges et des interrogations qu’il provoque, de même que l’inspiration vient aussi de l’accompagnement et du lien thérapeutique riche et complexe avec les personnes en cheminement.
Mes thèmes d’inspiration à ce jour
La symbolique de l’enracinement
Renaître de ses cendres
«Qui a-t-il derrière le visible»?/ la chair/ la matière
L’ivresse de la création ou comment «construire son ivresse»? (expression de Christophe de Vareilles, artiste-peintre et art-thérapeute avec lequel j’ai cheminé lors de fabuleux ateliers).
La vanité
Le double, la dualité, la peur, la fêlure
Les maîtres qui m’influencent et m’accompagnent
Anselm Kiefer, Goya, Caspar David Friedrich, Odilon Redon, Emil Nolde, Nicolas de Staël, Rothko, Pollock, Louise Bourgeois, Rebeyrolle, Miguel Barcélo, Pierre Soulages, Roland Devolder.
Et puis les musiques de JS Bach, Mozart, Schubert, Schumann, Brahms, Mahler, Debussy, Fauré, Schönberg, Berg, Bartok, Stravinski, Kurt Weill et d’autres que j’oublie.
Travailler auprès des personnes souffrantes est un enrichissement pour moi et m’ouvre les yeux sur mon rôle en tant qu’artiste.
Je ressens ma mission comme une mise en contact qui prend elle même forme avec l’inaccessible, l’insondable de notre humanité. Je crois fermement que c’est cet insondable qui fait notre richesse et qui constitue pour chacun le matériau de base pour sa propre recréation.
Je veux me mettre du côté des mutiques, des prostrés, des agités, des fêlés, des angoissés, des mélancoliques, des désespérés, des fous, car leurs language me parle même si je ne comprends pas, car ils sont mes guides, d’eux aussi vient la lumière qui éclaire mon propre chemin.