Art-Thérapie
"L'art est une blessure qui devient lumière."
Georges Braque
Qu’est-ce que l’art-thérapie?
Un soin dont la création artistique accompagnée constitue l'élément dynamique principal.
Faire de l’art-thérapie, c’est entrer dans un processus pour devenir petit à petit artiste de sa vie par la voie imagée symbolique.
Autrement dit, au lieu de parler de soi à la première personne comme dans une thérapie classique, on va passer par le détour de la fiction poétique en réponse non forcément consciente à ses problématiques.
Il s’agit en fait de passage d’un état vers un autre: lorsque l’on souffre, quelque soit la douleur, mentale ou physique, on est sous son emprise. Presque tout en nous se résume à cette souffrance. On est en quelque sorte objet de cette souffrance. Le mouvement dynamique qui s’opère via le processus de création accompagnée permet de renverser cette logique pour passer de l’état d’objet de souffrance à celui de sujet agissant et créateur qui petit à petit prend le pouvoir sur la douleur. Ce qui peut dans un premier temps paraître paradoxal est que ce sont justement nos faiblesses, nos failles, nos troubles, nos désirs, nos rêves etc…que nous mettons en jeu pour ce travail. Ils nous servent de terreau très fécond pour permettre un travail en progression de plus en plus complexe, qui s’affinera au fil des productions. C’est aussi pourquoi l’art-thérapie ne nécessite, voire ne préfère aucune connaissance, ni aucune pratique artistiques préalables. Il ne s’agit pas ici d’apprendre une technique pour devenir peintre, sculpteur ou écrivain, mais de faire un cheminement dans lequel la création devient un outil de mieux-être par une transformation positive de soi. En art-thérapie la création est le moyen et non la fin. L’art-thérapie, c’est aussi ne pas s’acharner contre un symptôme douloureux, mais c’est faire avec celui-ci pour le transformer en quelque chose d’autre de plus supportable, voire de plus beau. Cette phrase de Georges Braque résume parfaitement le travail de l’art-thérapie: «l’art est une blessure qui devient lumière». L’art-thérapie que j’exerce n’est ni une médecine douce, ni une discipline para-médicale, ni une énième «méthode» pour le bien-être, mais bel et bien un courant mouvant et vivant à production artistique! Même si l’on travaille sur soi de manière détournée et que l’accompagnement se doit d’être hautement bienveillant, le processus que l’on entame peut avoir un aspect surprenant, voire bouleversant, puisqu’il nous fait rencontrer un autre nous-mêmes, celui dont, sans ce cheminement singulier, nous n’aurions pas soupçonné l’existence. C’est une aventure extraordinaire qui vous attend, une fois que vous aurez franchi la porte de l’atelier!
Je ne suis pas un professeur d’art, je ne vous apprends rien au sens technique ou intellectuel, mais vous accompagne dans un voyage de rencontre avec vous-même en cheminant avec vous dans l’élaboration de votre création. Ma qualité d’artiste, familière des complexités et questionnements du processus créateur, ma propre art-thérapie, ainsi que la formation très spécifique, voire atypique et intense que j’ai suivie, sont les piliers sur lesquels reposent mon accompagnement. Il faut noter qu’en art-thérapie, on ne procède à aucune interprétation des productions de ses patients. Le travail de l’art-thérapeute consiste à se mettre à l’écoute au plus près de la personne (tout en gardant d’ailleurs une nécessaire et juste distance), et de sentir ce qui dans sa production doit être développé pour lui permettre d’avancer. Cette idée se résume à dire qu’on ne travaille que sur la forme de la production (le choix et l’évolution des formes, des matières, des couleurs, des supports), sans chercher à faire le lien conscient avec l’intérieur. Je compare volontiers mon rôle à celui d’Ariane, qui, sans entrer avec lui dans le labyrinthe, offre à Thésée ce fil qui lui permettra d’en ressortir (vivant). Souvent, dans les mythes, le héros se fait aider d’une instance protectrice qui l’assistera indirectement dans sa quête en lui offrant un objet salvateur: le fil d’Ariane, le bouclier incrusté d’un miroir qu’Athéna offre à Persée de manière qu’il puisse affronter la Gorgone Méduse sans avoir à la regarder, la peau d’âne offerte par sa marraine à la princesse en fuite pour se cacher, la cape d’invisibilité d’Harry Potter, la Flûte Enchantée transmise au Prince Tamino chez Mozart qui l’accompagnera pour surmonter les épreuves initiatiques; la lyre offerte par Apollon à Orphée, qui lui permettra de sortir des enfers (et qui aurait dû permettre d’en faire sortir aussi Eurydice, si le regard impatient d’Orphée sur elle n’avait anéanti le pouvoir de la musique).
Mais faire ce parcours dans son labyrinthe des profondeurs, aller à la rencontre de ses zones d’ombre, cela peut être dangereux sans quelques outils parfois très modestes, mais bien pensés, transmis par un genre de fée bienveillante qui reste présente, même à distance, en tenant le fil. Nos modestes mais solides outils seront ici les pinceaux, les couleurs, matières et textures, les lumières et les ombres, et parfois aussi les mots écrits qui permettront d’entrer en contact avec ce qui nous serait autrement inaccessible. Il ne s’agit pas de lever le voile sur le mystère de notre humanité mais peut-être de le toucher du doigt d’un peu plus près, car comme le dit Gaston Bachelard, «les poètes ont sur l’homme d’autres lumières» et c’est cette entrée en poésie (au sens large), que je souhaite partager avec vous ici et maintenant!