Atelier THérapeutique par les Arts Nouvel Ordre Recréation
A.TH.A.N.O.R.
Extrait de journal de Carl Gustav Jung
« Cette curieuse faculté de métamorphose dont fait preuve l’âme humaine, et qui s’exprime précisément dans la fonction transcendante, est l’objet essentiel de la philosophie alchimique de la fin du Moyen-Age », écrit-il. « Elle exprime son thème principal de la métamorphose grâce à la symbolique alchimique.[…] L’alchimie a aussi un côté vie de l’esprit qu’il faut se garder de sous-estimer, un côté psychologique dont on est loin d’avoir tiré tout ce que l’on peut tirer : il existait une « philosophie alchimique », précurseur titubant de la psychologie la plus moderne. Le secret de cette philosophie alchimique, et sa clé ignorée pendant des siècles, c’est précisément le fait, l’existence de la fonction transcendante, de la métamorphose de la personnalité, grâce au mélange et à la synthèse de ses facteurs nobles et de ses constituants grossiers, de l’alliage des fonctions différenciées et de celles qui ne le sont pas, en bref, des épousailles, dans l’être, de son conscient et de son inconscient. »
Dans le domaine alchimique, l’Athanor est l’alambic ou, selon les interprétations, le fourneau, par extension le lieu, dans lequel les alchimistes opéraient la transmutation des métaux. Symboliquement, il représente le cheminement, l’expérimentation, la recherche, le renouvellement, le mouvement, la transformation.
J’ai choisi cette métaphore car elle correspond bien à l’art-thérapie, où il s’agit de prendre ses vulnérabilités comme matière malléable, pour se transformer progressivement en un «être créateur» pour lequel le cheminement vaudra plus que le résultat.
Atelier
L’atelier est un espace bien spécifique, car c’est un espace symbolique.
Il est certes délimité par quatre murs, mais il est à considérer hors-temps et hors-espace réel. Lorsque nous y entrons, c’est, pour la durée de la séance, dans un espace-temps autre que celui de notre quotidien.
Nous y coupons le téléphone, car nous ne nous consacrons durant ce temps, qu’à notre chemin en création.
Dès lors qu’il s’agit d’un lieu symbolique, toutes les travaux qui s’y font, prennent aussi une dimension symbolique. L’atelier s’ouvre à tous les possibles de création, toutes les expérimentations, à condition qu’un cadre précis soit défini à l’avance par l’art-thérapeute/ coach.
Lieu ouvert
C’est un lieu ouvert dans le sens qu’il est accueillant pour toute personne qui souhaite entamer un parcours en création que ce soit pour l’art-thérapie ou pour le coaching par les arts.
Lieu clos
C’est aussi un lieu clos, dans la mesure où n’y entrent que les personnes qui y travaillent.
S’il s’agit d’une séance de groupe, l’intimité de chacun est respectée. Chacun y travaille pour soi, les commentaires et points de vue sur les productions sont exclus. Mais l’existence du groupe permet à chacun de se sentir porté, car même s’il vit intérieurement une expérience unique, il existe tout de même aussi une forme de partage d’un lieu et d’un temps communs.
Lieu de travail et d’effort
C’est un lieu de travail et d’effort, (l’effort peut être agréable), où l’on est sensé se sentir en confiance et où son premier souci doit être sa création: on va s’y frotter aux matériaux, aux textures, aux couleurs, aux mélanges, aux matières, au chaud, au froid, au lisse, au rugueux, au doux, au brut, aux odeurs, aux sons, au lourd, au léger, au mouvement, au sombre, au clair, tout ce qui se met en jeu durant la phase de création. Néanmoins, la création n’a pas qu’une face visible. La rêverie, la contemplation, le silence, le «non-faire», l’attente, sont des états nécessaires et souhaitables dans les étapes de la création. Notons que chaque chose compte, et en dernier la production finie. L’atelier est le réceptacle complice et intime de ces différents états.
L’atelier c’est aussi
- Un lieu favorable à la concentration et au silence.
- Un lieu qui nécessite que l’on y vienne en tenue confortable et non salissante.
- Un lieu dans lequel on trouvera tout le matériel de base ainsi que des tabliers qui seront mis à disposition.
Thérapeutique
Pourquoi et en quoi thérapeutique?
Que vous veniez pour l’art-thérapie, le coaching par les arts ou le jeu de la peinture, ATHANOR est un lieu où l’on prendra soin de vous au sens propre.
Il n’est pas question de remède contre une maladie ou un symptôme. Il n’y a pas de protocole thérapeutique au sens médical dans une logique de «guérison». Il s’agira plutôt d’autoguérison par la rencontre avec d’autres parties de soi que l’on a sans le savoir, et que le cheminement en création permet de faire ressortir.
Je reprendrais ici quelques éléments transmis à l’INECAT, mon école d’art-thérapie, concernant la difficulté de situer cette démarche d’ «accompagnement de la création dans un parcours symbolique au service du développement de la personne vers un aller-mieux et un être davantage». Jean-Pierre Klein.
Un médicament se prescrit pour être efficace contre quelque chose qui envahit et qui fait mal. Or nous sommes ici dans un domaine totalement inédit de la réponse non pas en terme d’efficacité qui s’appuierait sur le problème, mais en terme d’identité. On travaille avec la personne selon qui elle est, et non selon ce qu’elle a.
La notion d’efficacité devient presque dangereuse à notre époque, où tout ce qui n’est pas «efficace», performant, rapide, est à jeter. En outre, ces réponses d’efficacité assimilent la personne à son problème: «ok, vous êtes dépressif, alors je vais vous prescrire un antidépresseur». Il y a là quelque chose de presque humiliant, en tout cas de très insuffisant vis à vis de la personne, qui ne se rend d’ailleurs déjà presque plus compte qu’elle s’identifie et est identifiée à ce qui lui manque ou à ce qui est en désordre chez elle.
Or, dans le parcours symbolique qu’offrent l’art-thérapie et le coaching par les arts, il y a moyen de se relier vers qui on est aussi au fond du fond mais qu’on ne connaît pas encore soit même. «Je est un autre» dit Arthur Rimbaud. La thérapie passe par la confrontation entre notre réalité enfouie et l’outil d’expression artistique, pour pouvoir dire «ce que je suis devient manifeste. Je donne à ce matériau là la forme de mon identité», sachant que celle-ci ne restera plus jamais enfermée, mais deviendra mobile. La thérapie, c’est faire soi-même croître et enrichir sa propre identité au travers de ce cheminement labyrinthique et mouvementé qui se déroule sur la toile, entre nos mains, au bout du stylo etc…
Dans l’expression «être davantage», c’est sa façon d’être au monde qui se modifie sans qu’on s’en rende d’ailleurs vraiment compte. Au bout du compte, c’est d’asseoir dans le monde d’autres parties de nous mêmes qui s’avèrent les plus justes pour nous et qui de toute façon évolueront au fur et à mesure de notre travail en création, qui permettra de nous sentir mieux.
Art
Il n’est pas question ici de chercher à donner une définition de l’art, mais d’expliquer ce que nous entendons par ce terme dans le cadre de l’art-thérapie et du coaching par les arts.
Nous y sommes au-delà d’un savoir faire technique.
Ce n’est pas un cours d’art pour apprendre à (bien) peindre ou dessiner, à (bien) modeler ou à (bien) écrire. Ici l’art s’acquiert au fur et à mesure car il est le moyen et non la fin. Ce n’est pas nous qui venons à l’art, mais l’art qui entre en nous.
Nul besoin dans ce cadre précis d’avoir une quelconque connaissance ni pratique artistique préalables. Au contraire. Une personne ayant déjà une activité artistique, devrait accepter de repartir de zéro, ou de travailler avec un autre médium, car tout l’intérêt du travail repose sur le fait de se laisser surprendre, se retrouver à des années lumière de ce qu’on a l’habitude de faire.
L’art ici, c’est l’art de ressentir, de s’ouvrir à ce qui arrive, de se laisser pénétrer et porter par les traces qui jaillissent de nos mains en s’efforçant de mettre de côté toute intention. La façon dont nous évoluons dans notre expression déterminera l’expression elle-même qui progressivement se façonnera en un mouvement de création propre à chacun.
L’expression est considérée comme la première étape. Elle pourrait être définie comme le lien direct entre une émotion et une trace laissée par cette émotion. Tout l’art consiste justement à ce que cette expression première devienne peu à peu, au fur et à mesure que le travail avance, de production en production, un mouvement général qui va prendre sens à lui seul. En d’autres termes, la personne se projette dans une production, puis une suivante, encore une suivante et ainsi de suite, de manière à mettre en route un véritable mouvement dans lequel se mettent en œuvre les messages qu’elle s’adresse à elle-même de façon de plus en plus complexe et de plus en plus fine. Ainsi peut-on au bout d’un temps qui peut être long, parler véritablement d’œuvre et de création artistique.
Nouvel Ordre
Idée très simple qu’on ne se satisfait pas de l’ordre existant; que ce soit notre ordre intérieur (mal être, maladie, souffrance), ou celui qui nous entoure dans lequel nous ne trouvons pas notre place.
Il y a là encore changement de positionnement. En œuvrant, on se positionne personnellement, comme résistant à cet ordre établi.
L’œuvre individuelle s’oppose à ce qui a été fixé et qui paraît inéluctable.
Face au pouvoir des images codées conventionnellement, lisses ou intrusives imposées de plus en plus par les médias, à l’uniformité ambiante, au standard, nous perdons notre individualité, notre singularité première, notre liberté, nous nous aliénons lentement mais sûrement vers un avenir encore moins réjouissant que ce qui est aujourd’hui.
Plus que jamais, l’art tel que nous l’avons décrit plus haut, la possibilité qu’A.TH.A.NO.R offre à chacun de créer ses propres images qui correspondent à SON intériorité et à elle seule, est une véritable arme de lutte individuelle contre cet envahissement général, qui de toute façon, ne nous leurrons pas, ne cessera pas. Nombreux sont les artistes et philosophes pour qui l’art est un acte politique de résistance. Gilles Deleuze, en s’interrogeant sur «qu’est-ce que la création» pense aussi qu’«il y a une affinité fondamentale entre l’œuvre d’art et l’acte de résistance».
Nombreux sont aussi ceux pour qui l’art a été ou est une condition de (sur)vie.
Je propose ainsi à tous ceux qui, conscients, insatisfaits et inquiets de cette assimilation sociale à une «image-modèle», rejoignent les sphères d’A.TH.A.NO.R pour devenir des actifs de la création artistique accompagnée et renouent avec cette capacité première qu’a chacun de se dire avec profondeur et authenticité par et au travers de la forme symbolique de l’art.
Recréation
L’énigme de notre création première, «qui sommes-nous?», «d’où venons-nous?» «que faisons-nous ici-bas?», est peut-être un des éléments qui sous-tend notre angoisse d’être au monde.
La grandeur de l’être humain a été détrônée par ce qui le ronge.
S’être laissés agir par les événements qui nous ont façonnés tout au long de notre vie est peut-être aussi une attitude qui traduirait notre incapacité apparente d’être au monde, dans notre recherche souvent vaine de maîtrise et de perfection.
Néanmoins nous y sommes bel et bien dans ce monde et il y a moyen d’y prendre une place active en tant que recréateur de nous-mêmes, car:
Le processus de création, c’est le processus du vivant: «je créé parce que je suis»!
Ce qui nous intéresse dans notre démarche n’est pas la recherche du «beau» (au sens «joli»), ni même celle de l’harmonie. Étant dans un mouvement symbolique, nous revendiquons la recherche du déséquilibre pour pouvoir toucher à l’indicible et au mystère de ce qui nous fait vivre. Nous pouvons au travers de ce mouvement symbolique nous permettre toutes les laideurs, toutes les horreurs, car justement, elles restent de l’ordre du symbolique.
Les questionnements stériles sources d’angoisse font place à la création dans laquelle nous nous continuons à nous questionner de façon détournée, mais cette fois dans un mouvement plus ample, et plus organisé. C’est au travers du questionnement de ce qui fait mystère qu’il peut y avoir recréation et transformation.
L’expérience artistique est une expérience humaine radicale
la création artistique nous permet de nous tenir dans notre humanité et nous sauve de l’inhumanité.
L’art ne s’explique pas
la création est notion d’incarnation: donner corps, donner chair. L’acte artistique est lié à la notion de transcendance.
L’état poétique est en lien avec la sensorialité du corps.
La création est en lien avec la douleur: celle de l’humain, notre douleur intime, celle face au monde. Le poète, l’artiste, le créateur, est celui qui accepte de regarder cette douleur, non pas en face, mais via le prisme de sa création avec laquelle il la transforme.
Le sens d’une œuvre d’art fait partie intégrante de sa forme. La FORME est l’espace même du travail poétique qui se joue. La sensation dans laquelle nous amène la forme fait pleinement signification. La forme est la définition du sens de l’œuvre, il n’y a rien d’autre à voir que ce qui se montre, et rien à ajouter.
Entrer en symbolisation accompagnée au travers de l’art-thérapie, c’est constater l’émergence d’une force vitale, donc se recréer pour Être à nouveau et Devenir.
Dans «Œdipe sur la route» Henry Bauchau retrace les pérégrinations d’ Œdipe, d’Antigone et de leur compagnon Clios sur une route initiatique. Nous sommes à la toute fin du roman, lorsque Clios présente à Œdipe une fresque qu’il a peinte:
«Je n’ai pas seulement peint à Athènes, dans les temples et les palais du roi. Sur un mur en pleine campagne, j’ai fait une fresque qui évoque nos années sur la route. C’est un chemin de terre et de cailloux comme nous en avons tant parcouru. […] Les branches des arbres se rejoignent souvent au-dessus de lui, il est bordé seulement de buissons, de ronces et de fougères. Une seule touffe de coquelicots suffit pour l’éclairer. […] Il est parsemé de ces pierres à demi cachées sur lesquelles tu as si souvent buté. Entre les branches, on reconnaît parfois la couleur éclatante des fleurs que dans nos vallées on appelle des soleils. Il n’y a rien d’autre, c’est un sentier comme il y en a beaucoup. […] Un chemin qui n’est jamais pressé, qui serpente indéfiniment et sans dire d’avance où il va. Je ne l’ai pas fait pour Thésée mais pour Antigone et pour toi. Aussi pour les petites gens et pour les esclaves exilés loin de leur patrie» […]
Plusieurs coups de tonnerre éclatent dans le ciel qui annoncent l’heure à laquelle Œdipe va partir, seul cette fois. «C’est moi maintenant qui suit le clairvoyant» annonce-t-il.
«Œdipe nous quitte, il est au pied de la fresque, il fait un premier pas sur le chemin. Il marche sans buter sur les pierres, il est sous les branches des arbres. Il cueille le fruit sombre d’une ronce, il se penche vers la touffe de coquelicots. Il va sans se retourner et nous le voyons s’éloigner sans savoir si c’est dans les couleurs que j’ai préparées pour lui qu’il s’enfonce ou dans nos cœurs, où le chagrin et un bonheur inattendu se mêlent. Il arrive à ce point où la clarté du ciel se confond avec la lumière dorée des soleils. Là, les lignes vers la profondeur se prolongent à l’infini et il n’est bientôt plus, pour nos yeux trop faibles, qu’un point minuscule qui peu à peu s’efface.
Le tonnerre gronde, nous avons peur, nous avons froid et nous prenons par la main comme des enfants abandonnés. Antigone est au milieu, elle nous entraîne. […] Le ciel est devenu tout noir, la foudre s’abat plusieurs fois près de nous.
Ismène est épouvantée et je le suis aussi. C’est le calme et le pas ferme d’Antigone qui nous retiennent de fuir. Je ne puis m’empêcher de me retourner, la foudre a renversé le mur et ce qui reste de la fresque et en train de brûler. Je le dis à Antigone, elle ne s’arrête pas, elle ne se retourne pas et dit: «le chemin a disparu, peut-être, mais Œdipe est encore, est toujours sur la route».»
(Ed. Babel, 1992)
Post scriptum
«Le commencement est quelque chose d’à la fois inquiétant et très puissant», dit Heiddeger.
Il est possible que les explications ci-dessus ne soient pas suffisamment claires pour faire saisir ma démarche. Il est difficile de présenter par des mots quelque chose qui s’expérimente et se vit avant tout.
C’est pourquoi je vous propose de simplement venir à A.TH.A.NO.R et vous laisser surprendre par ce que vous y découvrirez.